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Danseuse, chanteuse, actrice, militante pour les droits civiques, agent d’informations pour la France Libre pendant la Seconde guerre mondiale, égérie des couturiers Français Christian Dior et Pierre Balmain, femme du monde et femme issue de la rue, Joséphine Baker était libre avant tout !

Alors que le site Variety annonçait le 16 Juillet dernier la mise en production prochaine d’une série consacrée à la première icône noire mondiale, retour en cinq dates sur son destin hors-normes.

  • Le 3 juin 1906 : Naissance

« Le sang, c’est le hasard » – Joséphine Baker

Née Freda Joséphine McDonald, fille de Carrie McDonald et supposément d’Eddie Carson, musicien hispano-américain, Joséphine Baker vient au monde à Saint Louis, Missouri.

Pauvre, aînée de la fratrie, Joséphine est contrainte à travailler dès l’âge de 7 ans. Victime de maltraitance dans une famille aisée blanche au cœur d’un état ouvertement ségrégationniste, Joséphine pratique avec ardeur le chant et la danse. Gaie, ouverte sur le monde, franche dans ses rapports, Joséphine gagne son premier cachet en 1920au théâtre de Saint Louis en remplaçant une danseuse malade. Mariée l’année suivante à Willie Baker, artiste-danseur, elle se produit au sein de plusieurs troupes itinérantes et rêve de conquérir Broadway. A force de volonté et de culot, elle est engagée dans la première comédie musicale entièrement interprétée par des noirs, Shuffle Along, au Daly’s 63rd Street Théâtre à New-York. Repérée par Caroline Dudley Reagan, impresario vivant à Paris et de passage en ville, Joséphine voit son avenir bouleversé par une opportunité inouïe : se produire à Paris !

La troupe de la Revue Nègre arrive en France

 

  • Le 2 octobre 1925 : La Revue Nègre au théâtre des Champs Elysées

« Si Adam l’avait connu, il aurait croqué une banane »

Francis Veber, 1975

L’iconique ceinture de banane n’existe pas encore. Le jazz est encore peu connu. La France de l’entre-deux guerres est à l’oubli de soi et à la folie ! Joséphine Baker, performeuse clown à succès quitte Broadway pour Paris à bord du Berengaria. En compagnie de musiciens, et autres danseuses, l’aventure de la première star noire débute à peine. La troupe, invitée par le producteur André Daven, présente la Revue Nègre, mis en scène par Louis Douglas. Le succès est immédiat.

Joséphine Baker, qui n’apparait qu’en début et fin du spectacle enflamme la scène du théâtre des Champs-Elysées avec la célèbre ‘Danse Sauvage’. Exécutée en bikini à plumes aux côtés de son partenaire Jo Alex, non moins dévêtit, le public est sous le charme.

Pari gagné, la « Baker-mania » est en marche !

Affiche LA REVUE NEGRE de Paul Colin – 1925

 

  • Le 28 Août 1963:  March on Washington – Une femme prend la tribune

Reconnue pour ses nombreux combats en faveur de la liberté, Joséphine Baker s’investit aussi personnellement contre le racisme. Adulée à Paris, le racisme qu’elle subit aux États-Unis au cours de ses voyages la foudroie. La lutte n’est pas terminée. Imposant ses idées et ne reculant pas devant le cynisme des dirigeants, Joséphine tient tête. Edgar Hoover, patron du FIB dans les années 50, ira jusqu’à exiler la « Vénus d’Ébène » 13 ans pour ses déclarations jugées ‘antipatriotiques’.

Son invitation en 1963 à la « Marche sur Washington », organisée par plusieurs syndicats et associations de défenses des droits civiques, est une opportunité unique de changer profondément la société américaine. Avec l’aide de Robert Kennedy, alors Procureur général des États-Unis, elle obtient la levée de son statut persona non grata et rejoint la tribune du Lincoln Memorial, en tenue de résistante, pour un discours empreint de simplicité et d’authenticité : 

J.Baker sera la seule femme à s’exprimer publiquement lors de la Marche sur Washington – 1963

 

 

 

 

I want you to know that this is the happiest day of my entire life. And as you all must know I’ve had a very long life, and I’m 60 years old […] Together, as salt and pepper, just as you should be, just as I’ve always wanted you to be, and people of the world has always wanted you to be.

You are a united people at last. Because without unity, there cannot be any victory.

Please, I’m glad, I’m glad that in my homeland, and my homeland where I was born and loved and respected, I’m glad to see this day come to pass.

This day because you are on the eve of complete victory. And tomorrow time will do the rest. I want you to know also how proud I am to be here today and after so many long years of struggle, fighting here and elsewhere, for your rights, our rights, the rights of humanity, the rights of men.

I’m glad that you have accepted me to come. I didn’t ask you, I didn’t have to. I just came because it was my duty. And I’m going to say again you are on the eve of complete victory. Continue on, you can’t go wrong, the world is behind you. “

 

  • Le 15 mars 1969: Fin du siège du Château des Milandes

Affiche « Village du monde » à Castelnaud-la-Chapelle

 

Akio, Coréen ; Janot, Japonais ; Jari, Finlandais ; Luis, Colombien ; Marianne et Brahim d’Afrique du Nord, Moïse, Français d’origine Juive ; Jean-Claude et Noël, Français ; Koffi, de Côte d’Ivoire, Mara, Vénézuélien et Stellina, Marocaine.

12 enfants, 10 garçons et 2 filles, adoptés pour former la ‘tribu arc-en-ciel’. Rêve d’unité, rêve de famille tant souhaité par Joséphine Baker et son mari chef d’orchestre, au sens propre et figuré, Jo Bouillon.

Son installation au Château des Milandes en 1947, en Dordogne, est la réalisation de son rêve. Joséphine se consacre à sa famille -qui ne cesse de s’agrandir- afin de montrer au monde que des enfants de nationalités et de religions différentes pouvaient vivre ensemble dans la paix. Figure populaire du village de Castelnaud-la-Chapelle, elle apporte le progrès au château (eau courante, chauffage), créée le ramassage scolaire, organise des fêtes de Noël et prend part à la vie de la commune.

Toutefois, les difficultés financières que rencontre Joséphine à partir des années 60 se compliquent. Endettée, seule, le château est vendu aux enchères en 1968. L’expulsion tragique par les hommes de mains du nouveau propriétaire en Février 1969 fera le tour du monde. Alors soutenu par la famille royale monégasque, elle est accueillie avec sa famille à Roquebrune-Cap-Martin.

  • 12 avril 1975 : Mourir sur les planches

« Joséphine Baker sait. Elle sait chanter, danser et parler. Et le tout avec beauté, l’amour et générosité. Le terme un peu galvaudé de « grande Dame » retrouve enfin son sens, avec elle. »  – F.Sagan

 

Souriante, c’est en tenue de diva du « music-hall » que Joséphine Baker apparaît sur la scène du Bobino le 25 mars 1975. Son dernier spectacle, sobrement intitulé Joséphine, est reçu par un public international conquis, dont sa mécène et amie Grâce de Monaco. Joséphine Baker y livre une rétrospective de 50 ans des chansons, d’engagements et d’expérience.

Sa magie charme les spectateurs. Elle a 69 ans et poursuis son premier bonheur : chanter et jouer devant son public! Elle quitte la scène de ce monde le 12 avril 1975, comme elle la souhaitait :

“ Vivre, c’est danser, j’aimerais mourir à bout de souffle, épuisée, à la fin d’une danse ou d’un refrain.” – J.Baker

Affiche du spectacle Joséphine à Bobino, 1975

par William L-B

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